Aux yeux de Tocqueville, la démocratie américaine est une démocratie modérée et libre, c’est-à-dire une pure démocratie. Au contraire les américains voient dans leur religion une religion «naturelle», sur la base d’un christianisme révélé qu’ils ramènent, pour ainsi dire, à l’état laïc (peu de dogmes, peu d’ascétisme et donc une grande tolérance). (II, p 109)La liberté constitue pourtant en même temps le remède à ces maux que l’égalité engendre. la démocratie comme idéal ou valeur, qui peut s’écarter de la définition théorique Pourtant, les dictionnaires de philosophie admettent unanimement un seul sens à « démocratie ». Mais pour finir, ce qui définit la démocratie américaine, ce n’est ni la mentalité ni la forme étatique mais «le principe de la souveraineté du peuple répandu dans la société entière» (chapitre 4 et 5 du tome 1). dans cet extrait, Robert Damien, professeur de philosophie à l'université paris ouest, évoque la façon dont Alexis de Tocqueville rend raison de la démocratie par l'égalité des conditions. L'éditeur François L'Yvonnet nous présente ce Carnet. «Le despotisme, qui est dangereux dans tous les temps, est donc particulièrement à craindre dans les siècles démocratiques». Primauté du présent, effacement de la tradition et de toute préséance, autonomie vont de pair avec une impuissance de l’individu isolé et noyé dans une masse d’êtres semblables. Par la suite, cette «fondation puritaine» s’est combinée avec l’esprit de la liberté qui lui est tout contraire. « Avec la démocratie cesse la nature qui assigne des places et des rangs dans un ordre hiérarchique fondé par Dieu. -Les grandes lignes de la pensée de Tocqueville : => Dans une démocratie, tous les individus peuvent accéder à n’importe quelle position sociale. Sinon, elle risque de provoquer des heurts violents entre les membres de la société (sa famille a payé un lourd tribut à la Révolution française). En Amérique, les associations recomposent sans cesse le tissu social que l’égalité des conditions tend à défaire.La démocratie défait le lien social, et le refait, autrement. Publié en 1835, on trouve dans cet ouvrage des réflexions sur la nature et les dangers d’une démocratie, et une comparaison entre les systèmes politiques des … ... La séparation des pouvoirs selon Montesquieu. Pour les américains, citoyens et hommes sont des termes équivalents, convertibles l’un dans l’autre: la relation caractéristique de la citoyenneté républicaine - égalité et liberté, égale liberté de tous les citoyens - pénètre tous les aspects de la vie humaine.En cela la société américaine s’oppose à toutes les autres sociétés dans l’Histoire. En revanche, le besoin d’une religion est inscrit dans la nature de l’homme. Ainsi la société démocratique est régie par le pouvoir central, expression de la souveraineté du peuple.Cependant, tout ceci reste secondaire par rapport au véritable ressort de la démocratie, sa clef de voûte qui est le pouvoir social. La clef de la démocratie américaine se trouve donc dans les traits qui distinguent l’Amérique de l’Europe. On peut dire pour conclure que la démocratie formelle est le remède aux maux produits par la démocratie réelle. => Repli sur soi, confiance. Celle-ci agit en retour sur la recherche d’une plus grande égalité sociale entre ses membres. Régime politique selon Alexis de Tocqueville, où la démocratie est un Etat social dans lequel les citoyens sont égaux en soulignant qu'ils ne peuvent l'être au niveau économique ou social. La passion de l’égalité ne peut être apaisée : «le désir de l’égalité devient toujours plus insatiable à mesure que l’égalité est plus grande».La pensée ne parvient pas à concevoir le terme ultime de la tâche égalitaire, mais l’étape prochaine lui suffit, en tant qu’objectif, pour le moment présent. Tocqueville montre que l’avènement de la démocratie ne constitue pas une rupture avec l’Ancien Régime. Aucune influence intellectuelle ou morale n’est tenue pour légitime. La passion de l’égalité est-elle conforme ou contraire à la nature de l’homme. C’est pourquoi il (l’homme démocratique) ne peut le penser qu’en le posant hors de lui-même, tel un pouvoir sans limite et légitimé par sa source, la masse. Les progrès de la démocratie n’y font qu’un avec l’érosion des influences individuelles.Est-ce encore une société cette collectivité dans laquelle personne ne dépend plus de personne ni ne reconnaît plus l’autorité de personne? On ne peut donc achever ce mouvement irrésistible d’égalisation des conditions ; on ne peut rendre la démocratie complètement «réelle». Or, aux Etats-Unis, la religion se marie harmonieusement avec la liberté démocratique. Penser comme les autres, toute légitimité se trouvant par hypothèse dans le nombre, est donc l’horizon de toutes les démarches individuelles.Finalement, Tocqueville démontre que le présupposé ultime de l’idée majoritaire est que «le plus juste est dans le plus fort» (le plus grand nombre). Beaucoup citent Tocqueville comme l’un des théoriciens de la démocratie, et les nouveaux chantres du libéralisme économique sont prompts à le citer. Dans ces conditions, à qui l’homme démocratique va-t-il s’en remettre pour penser? Mais cette disposition compatissante comporte ses limites, car c’est ce n’est que ce qui est semblable à moi que je vise chez l’autre.Chez les aristocrates, la compassion ne concerne que ceux auxquels on se trouve lié par le contexte social et politique (famille, serviteurs, classe sociale). Redoutable dans la mesure où le pouvoir social soumet toujours plus complètement l’autre au jugement de la masse : si bien que «la douceur est le baume et le poison des sociétés démocratiques». Si bien que pour finir, la religion a une influence décisive sur les mœurs américaines, mais le pouvoir de la religion est devenu le pouvoir que la société exerce sur elle-même par le moyen de la religion. De sorte que «l’on voit les Américains changer constamment de route de peur de manquer le plus court chemin qui doit les conduire au bonheur». ... Notre esprit suit un mouvement de balancier, entre la foi en les mécanismes réels de notre démocratie et la réalité de l’exercice du pouvoir, sur lequel nous semblons impuissants. La nature de la démocratie moderne n'est pas politique ; la démocratie est une opinion totale sur les choses humaines, qui a des conséquences bouleversantes sur l'ordre politique lui-même, parce qu'elle attaque ce qui était le présupposé même de toute existence politique, sous quelque régime que ce fût, à savoir les liens de dépendance, les influences individuelles, la hiérarchie des notabilités et des patronages, décor immémorial de la vie politique des hommes. Toutefois, Tocqueville n’analyse pas la démocratie comme un simple renouveau de l’ordre juridique et politique, au sein duquel l’égalité entre les citoyens ne serait que formelle. A la limite, le panthéisme, observe Tocqueville, serait de ce point de vue la religion la plus propre à séduire l’âge démocratique.En résumé, pour Tocqueville, l’homme est naturellement religieux, et la religion offre la possibilité pratique de modérer efficacement les passions démocratiques en soumettant cette société, à un dehors, relevant de la pure nature, la nature de l’homme naturellement religieux. Deux idées-forces sont au cœur de la démocratie : l’égalité et la liberté. «Il est difficile d’être l’ami de la démocratie ; il est nécessaire d’être l’ami de la démocratie, tel est l’enseignement de Tocqueville».«Il est vrai que la démocratie est en un sens très réel l’ennemie de la grandeur humaine ; mais les ennemis de la démocratie sont des ennemis bien plus dangereux de cette grandeur»«Pour bien aimer la démocratie, il faut l’aimer modérément»Pierre ManentPremier extrait(la liberté politique)Or, d'où vient-elle, cette liberté si nécessaire et si souvent absente? Ainsi, lorsque les hommes en proie à l'idée démocratique sont tenus ensemble par un Etat déjà là, d'autre origine, comme c'est le cas en France, ils s'accommodent fort bien de cette situation, car l'idée qu'ils se font de leur condition est essentiellement apolitique, et, pour autant, antipolitique. Aucun homme n’est doué aux yeux de l’homme démocratique d’une autorité naturelle et incontestable. Il constitue le troisième pouvoir générateur de la démocratie.Egalité des conditions, souveraineté du peuple et opinion publique toute puissante sont les «trois principes générateurs « de la démocratie. Moyennant quoi, la religion doit admettre, pour subsister et exister sainement, son entière dépendance par rapport à l’ordre démocratique.La séparation du religieux et du politique n’est pour finir que l’instrument de l’harmonisation du religieux avec la politique démocratique. Robert Damien, Professeur de philosophie à l'Université Paris Ouest, évoque la façon dont Alexis de Tocqueville rend raison de la démocratie par l'égalité des conditions. Les américains ont fermement maintenu la primauté masculine, qui n’est pas, selon lui, en contradiction avec l’égalité fondamentale des deux sexes ; les américains ont pensé que «toute association, pour être efficace, doit avoir un chef, et que le chef naturel de l’association familiale était l’homme» (II, p 220) Les américains ont réussi à concilier l’égalité démocratique et une sage convention héritée des temps aristocratiques.De façon générale, la démocratie américaine révèle une dualité entre ce qui relève de l’instinct (au sens de tendance, de mouvement irrésistible) et ce qui relève de l’intelligence effort pour régler et tempérer la démocratie à l’aide des lois et des moeurs). «Parmi les objets nouveaux qui, pendant mon séjour aux Etats-Unis, ont attiré mon attention, aucun n’a plus vivement frappé mes regards que l’égalité des conditions […] (quand je reportais ma pensée vers notre hémisphère) je vis l’égalité des conditions qui, sans y avoir atteint comme aux Etats-Unis ses limites extrêmes, s’en rapprochait chaque jour davantage …».L’ «égalité des conditions» ne caractérise pas un régime politique mais une mentalité, un état social. C’est ce que Tocqueville nomme le «pouvoir social».Le pouvoir social (pouvoir que la société exerce sur elle-même) est celui de l’«opinion publique». L’idée de respecter ceux qui incarnent le mieux «lumières et vertu» est exclue. Si bien que le tiers-état finit par former une nation complète qui n’a nul besoin des nobles et se passeraient même volontiers d’eux et de leurs privilèges. En ce sens, cette passion semble bien naturelle. Cette situation a détruit la «liberté politique», (entendez l’esprit de liberté et de responsabilité) qui garantissait le lien entre groupes sociaux pourtant différents et inégaux. Tocqueville et la démocratie. est davantage l’expression d’une déconnexion entre le développement des valeurs d’égalité d’une part et l’ordre politique qui n’a pas évolué en ce sens d’autre part. Elle engendre toutefois ses antidotes, les associations ouvrières. La démocratie a besoin de règles modératrices et de modérateurs. Que lui reste-t-il à vouloir dans ces conditions? Premier groupe audiovisuel français, FRANCE TÉLÉVISIONS propose une offre complète de programmes afin que tous les publics trouvent matière à se cultiver, s’informer et se divertir. La révolution politique était à la fois universelle et anti-religieuse) De telle sorte que la Révolution elle-même est devenue «une nouvelle religion, religion imparfaite». En Amérique, la Providence est généreuse et maternelle, alors qu’en Europe la Providence, ou nécessité telle qu’elle fut portée par l’Histoire, a débouché sur la Terreur. Aussi s’efforce-t-elle d’interdire ou d’affaiblir le plus possible toutes les influences (celles d’homme éclairés). Même libre, l’homme démocratique doit obéir, ne serait-ce qu’à lui-même! «Si bien que tout ce que la Révolution a fait se fût fait, je n’en doute pas, sans elle ; elle n’a été qu’un procédé violent et rapide à l’aide duquel on a adapté l’état politique à l’état social, les faits aux idées et les lois aux moeurs». La foi ardente des premiers puritains fait place au respect grave mais superficiel de la démocratie parvenue à maturité. Dans une société qui se veut égalitaire, la conscience des inégalités est très forte. La démocratie américaine, nous dit Tocqueville, est fondée sur l’absoluité de la souveraineté populaire. On doit renoncer à le faire comprendre aux âmes médiocres qui ne l'ont jamais ressenti.»Cette liberté politique, dont la présence ou l'absence a une si grande importance pour le destin général des sociétés, a ainsi sa source dans une expérience inanalysable et incommunicable de certains hommes, dans un don fait directement par la nature, par Dieu à certains hommes.