Monologue sur ce qu’il faut ajouter à la vie quotidienne pour la comprendre : Victor Latoun, photographe. Si la guerre avait commencé, nous aurions eu des instructions, nous aurions su ce qu’il fallait faire. J’avais envie de prier… C’est parce que je voulais me rappeler tout cela que je me suis lancé dans la photo… Voilà mon histoire… Dernièrement, je suis allée à l’enterrement d’un ami qui était là-bas. Le dosimètre craquait, il se bloquait au maximum. Nous avons passé la nuit à la gare. L’homme se détache de la Terre, il manipule d’autres catégories temporelles et d’autres mondes. Il fonctionne cinq minutes. L’attente ininterrompue d’un désastre. En fait, personne ne comprenait les dimensions de ce qui se passait. Rien qu’aux faits ! J’avais la certitude que, s’il s’était agi de quelque chose de grave, on nous aurait avertis. sur une terre contaminée, à la labourer, semer ? Il agissait selon les plans de la C.I.A. L’ai est peut-être pur, mais les doses énormes ! On envoie un robot japonais. Le lendemain, elle est partie et nous avons mis à nos enfants leurs plus beaux vêtements pour les emmener aux commémorations du Premier Mai. Mais la conscience n’était pas prête. Хроника будущего) est un récit et essai de la journaliste et écrivaine biélorusse Svetlana Aleksievitch, lauréate du prix Nobel de littérature en 2015, consacré à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl survenue en 1986. Me voici invalide au deuxième degré. Mes sentiments débordent tellement que je ne peux les maîtriser, ils me paralysent. Plus personne. Il faut préserver les faits. Personne n’a applaudi… Mes étudiants ont été bouleversés. Les hauts salaires et le secret ajoutaient au romantisme. Il faut montrer la guerre de manière si horrible que les gens vomissent. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse. pas sur terre, mais dans un monde de rêves et de bavardages. À l’époque, il suffisait de survivre. Que voyons-nous se passer, maintenant ? Pourquoi faudrait-il qu’elles meurent ? Article paru initialement le 2 mars 2016 sur TdC. Ils n’ont pas compris que le siècle n’est plus le même. Je l’ai fait à la mort de Staline et j’ai noté ce qui se rapportait à Tchernobyl depuis le premier jour. Tout se confond dans ma mémoire, ce que j’ai lu et ce que j’ai vu…. Sur les ossements des morts - Poche - Olga Tokarczuk - Achat Livre. Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. « Savez-vous, demandait l’académicien, père de la bombe H soviétique, qu’après une explosion atomique, il y a une fraîche odeur d’ozone qui sent si bon ? Certains sont devenues des stars. La direction demande des rapports sur l’avancement et le rythme des semailles. Le sort de millions de personnes se trouvait entre les mains de quelques individus. Faites-nous repartir chez nous. Cet extrait pourra être utilement employé avec la citation de La Supplication de Svetlana Alexievitch, et la citation issu du Gai Savoir de Nietzsche pour étudier l’attitude de chacun des trois auteurs envers Dieu et la religion – par exemple en étant rapproché de la critique du catholicisme par Nietzsche, mais sur d’autres prétextes (liés à la « dévitalisation » de la force de vivre). Et ma tribu est là, debout, pour les accueillir. Highly Influential Citations 0. J’ai peur ! Qu’ils en soient malades… Dans les premiers jours, alors qu’on n’avait pas encore montré la moindre photo, je m’imaginais déjà tout ce que cela pouvait être. semer, un portillon fermé à clef, des paysans produisant encore de l’alcool qu’ils nous vendaient… Car nous avions beaucoup d’argent : trois fois le salaire mensuel plus des frais de séjour multipliés par trois. … Nous sommes arrivés dans le village non évacué de Tchoudiany : 149 curies. Et nous les avions…Dans les journaux, à la radio, à la télé, dans les meetings, tout le monde criait : nous voulons la vérité ! Aujourd’hui, il me semble parfois que le monde est gouverné par quelqu’un d’autre et que, avec nos canons et nos vaisseaux spatiaux, nous sommes comme des enfants. . Plusieurs n’avaient même pas pris leur rasoir car ils étaient certains de n’y aller que pour quelques heures. J’ai aussitôt appelé Sliounkov, le premier secrétaire du Comité central de Biélorussie, à Minsk, mais on ne me l’a pas passé. Deux Allemands : un grand et un gros, en noir, et un autre, petit, en marron. * Svetlana Alexievitch, La Supplication, Traduction Galia Ackerman et Pierre Lorrain, éditions J’ai lu L’essentiel, pour vous, est de lire attentivement ces 3 uvre s de sorte à en avoir une connaissance globale. Mais nous y sommes allés. exécutez les ordres. Je ne pourrai jamais abandonner le sujet. » On ne savait pas si elles se moquaient de nous ou d’elles-mêmes…  À notre retour à la rédaction, nous nous sommes tous (209) rassemblés pour une réunion. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse de Svetlana Alexievitch On ne peut pas dire que l’on dissimulait les choses volontairement. J’ai défilé avec les vétérans. Pour Tchernobyl, il faudra bien répondre un jour, comme pour 1937. La radiation, nous l’avons vue dans cette maison abandonnée. Deux à trois gouttes pour les enfants dans un demi-verre d’eau. Comme un signe, comme une question. Tout le monde s’est habitué aux expressions : « enfants de Tchernobyl », « évacués de Tchernobyl », mais personne ne sait rien de nous. Monologue sur comment deux anges ont rencontré la petite Olga : Irina Kisseleva, journaliste. Ce fichu mal des rayons. À titre personnel. Ces gens avaient la victoire. J’ai toujours été tellement fier de notre réacteur. Monologue d’un défenseur du pouvoir soviétique : Il n’a pas donné son nom. Un grand empire s’est effiloché, s’est effondré. Il y avait parmi nous des profs et des ingénieurs. Je ne suis pas un homme de plume, je suis physicien. Même lorsque la dernière ogive sera détruite. Svetlana Alexievitch : à l’écoute de ceux pour qui le temps s’est arrêté… Katia Vandenborre. J’ai mes propres archives. Il suffisait qu’on dise : « Camarades, ne cédez pas aux provocations, tonnait la télé, jour et nuit » et les doutes se dissipaient… La compréhension philosophique de Tchernobyl est encore devant nous. Les Grecs, eux, avaient des dieux gais, rieurs. Sans rien annoncer et sans semer la panique. L’Institut s’est vu confisquer tous les appareils destinés au contrôle des radiations. Il fonctionne cinq minutes. Je pensais qu’il ne me restait que quelques jours à vivre et je n’avais pas envie de mourir. Aujourd’hui, il est invalide au premier degré… Lorsqu’on nous a démobilisés, nous sommes montés dans les camions et l’on a traversé toute la zone en klaxonnant. Je ne montrerai jamais de. Je suis entré à l’Institut de l’énergie de Moscou et là, j’ai appris qu’il y avait une faculté ultra-secrète, celle de l’énergie nucléaire. Ils venaient au monde, faisaient l’amour, gagnaient leur pain dans la sueur, assuraient la lignée, attendaient les petits-enfants et, ayant vécu leur vie, ils quittaient la terre pour rentrer en elle. Des enfants venus de Minsk passer l’été, couraient autour d’elles. Voilà pourquoi je me bornerai à parler de faits. Pourquoi se taisent-ils ? C’est un futur tout prêt, mais il est impossible de parachuter les gens dans le futur. Monologue sur l’éternel et le maudit : que faire et qui est le coupable ? Des barrières. Tu pouvais mourir cent fois, éclater en mille morceaux, mais si tu faisais des efforts et avec un peu de chance, tu pouvais survivre ! C’est aujourd’hui que la science de l’énergie nucléaire est humiliée et couverte de honte. D’accord, Tchernobyl avait explosé, mais nous étions les premiers à avoir envoyé un homme dans l’espace ! Vous vous souvenez de ce film où l’on tuait une vache ? Plusieurs n’avaient même pas pris leur rasoir car ils étaient certains de n’y aller que pour quelques heures. Une chose terrible venait de se produire et aucune information n’était disponible : les autorités et les médecins se taisaient. Jamais ! J’avais emporté mon appareil par hasard. Elle avait dû comprendre. C’était cela, notre travail. Nous allons vous exiler dans des contrées éloignées. On l’a dit à la radio. 14. Le zampolit nous a réunis pour nous parler. Il me fallut batailler pendant deux heures pour que Sliounkov daigne enfin se saisir du combiné. On aurait pourtant bien pu trouver des moyens d’agir ! Chez eux, c’est aussi la panique. Et là, 3.000 röntgens à l’heure. Comment détruire, enterrer, transformer en déchets tout cela ? Nous posions des questions : Qu’est-ce qu’un rem, un curie, un röntgen ? De Gorbatchev et de Ligatchev. » On le félicita : « Bravo, les petits frères biélorusses ! La Supplication de Svetlana Alexievitch. La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse (en russe : Чернобыльская молитва. Tableau des oeuvres, 3e partie. Ce n’est que plus tard que j’ai lu la Bible… Et que j’ai épousé une deuxième fois la même femme. On nous a dit qu’on allait reconstruire… Nous construisions des bâtiments de service. Tout le monde veut se venger des communistes… Mais si les autres se taisent, moi, je vais parler. Non, ce n’étaient pas des criminels, mais des ignorants. » Nous avons ri, nous avons juré. Et nous, élevés sous Staline, ne pouvions pas admettre l’existence de forces surnaturelles. Au retour d’une mission, mes dossiers avaient disparu. Le présentateur vantait l’abnégation des travailleurs. Mais les bombes atomiques ne disparaîtront pas. Sur place, dans la centrale, les savants étudiaient la situation et prenaient des décisions. Chacun de nous avait en poche sa carte du parti… Une serpillière mouillée était posée devant la porte de l’appartement. « Ne sois pas si pressé, m’a-t-on dit. Nous, nous vivons ici, nous souffrons. Ils organisaient des défilés, des manœuvres. Il ne suffisait pas, non plus. Je me souviens aussi de discussions sur le sort de la culture russe, de son penchant pour le tragique. Le commandant a réglé toute l’affaire : « Les volontaires iront sur le toit, et les autres, chez le procureur. On nous distribuait des tabliers de caoutchouc recouvert d’une pellicule de plomb pulvérisé. leurs familles, comprennent que c’est du théâtre. Nous habitons ici ! Ce n’étaient ni des maniaques ni des criminels mais de simples opérateurs de service dans une centrale nucléaire. Tout est dans le dossier, rien que des faits. Ils ont vaincu ! Chez nous, les vieux sont assis sur le seuil de leurs maisons qui tombent en ruine, mais ils philosophent, réorganisent le monde. Ces gens avaient la victoire. Et les miens qui ignoraient tout ! ALEXIEVITCH, Svetlana, La supplication.Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain, J’ai lu, Paris, [1997] 1999, 250 pages.. L’auteur. Il nous était strictement interdit d’entrer en contact avec la population, mais j’ai vu des enfants. Tableau des oeuvres, 1ère partie. Evacuation de la ville de Pripiat, où vivaient la plupart des employés de la centrale. Le Soviétique est incapable de penser exclusivement à lui-même, à sa propre, en vase clos. Deux Allemands : un grand et un gros, en noir, et un autre, petit, en marron. C’était effrayant, inhabituel… Les dosimétristes ont contrôlé mon bureau. La dose à l’entrée des bâtiments était de près de 3 milliröntgens par heure. » On exerçait aussi des pressions sur les employés de l’Institut. » Il y était déjà allé, ce jour-là. … Je conduis un convoi d’aide humanitaire d’étrangers qui viennent au nom de la charité chrétienne ou au nom d’autre chose dans la zone. Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés. Il y avait des milliers de tabous, des secrets militaires, de secrets du parti… De plus, nous avions été élevés dans l’idée que l’atome pacifique soviétique n’était pas plus dangereux que le charbon ou la tourbe. C’étaient des ordres. » Cela serait devenu une affaire politique. À la colonie de vacances où ma fille a passé un été, on avait peur de la toucher : « Un hérisson de Tchernobyl. Alors, que devaient penser les autres ? dépasse la Kolyma, Auschwitz et l’holocauste. À faire des enfants ? ... La force de vivre et la mort 231 Fiche 21 – Citations 237. Notre Institut a dressé la première carte des régions contaminées, tout le sud de la république. Seuls peuvent comprendre ceux qui ont fait la guerre. La supplication, Svetlana Alexievitch, cours n° : 8. Pour rappel, en 2021 le thème du programme de français en prepa scientifique est la force de Vivre.. Les trois œuvres à étudier en français en prepa sont :. Notre éternité, c’est Tchernobyl… Et nous, nous rions ! Je vous raconterai plutôt ce dont je me souviens… La panique des premiers jours : certains se sont rués vers les pharmacies pour y acheter des stocks d’iode. La supplication. À la guerre, il y avait des détachements de barrage qui tiraient sur ceux qui reculaient. Ils étaient bien pour nous, les gens simples. À la fois innocents et indifférents. On a demandé aux volontaires de faire un pas en avant. Il a mis en marche son appareil et a promené son capteur le long de nos bottes. On ne m’a même pas autorisé à faire un saut à la maison pour prévenir ma femme. Les premiers jours, nous avions peur de nous asseoir par terre, sur l’herbe. Mais tout cela, c’est déjà de l’histoire… L’histoire d’un crime ! Le jeune gars était au volant nous a dit qu’il transportait de la terre radioactive. Parfois, nous les trouvons. Sur l’écran apparaît le toit du réacteur parsemé de morceaux de graphite, le bitume fondu. Je ne réussis pas à l’exprimer. (192) L’homme s’en était allé pour toujours de ces endroits et nous étions les premiers à visiter ce « pour toujours ». Résumé établi par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE) Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain J’ai lu n°5408. Et nous, élevés sous. Puis ils m’ont rappelé pour me dire de venir à Minsk, à 400 km reprendre notre sol. Préambule didactique : Plutôt que de poursuivre les études de textes et d'élaborer une seule leçon de synthèse, je préfère vous proposer pour finir ce cours, deux exposés suivis d'une conclusion récapitulative assez brève. Et vous prenez des photos. Il s’intitulait : . Si vous ne pouvez pas assurer notre sécurité, nous partons. … Dans la presse, tout était mensonge… Je n’ai lu nulle part que nous fabriquions une sorte de cotte de mailles, des chemises de plomb, des culottes. Je vous donnerai tout cela. Je n’ai jamais éprouvé un tel sentiment, même pendant l’amour. La population avait reçu des doses de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieures à celles des soldats qui gardent les zones d’essais nucléaires ! Impossible donc de l’y emmener. Le Soviétique est incapable de penser exclusivement à lui-même, à sa propre vie, de vivre en vase clos. J’ai mesuré la thyroïde de mon fils : 180 microröntgens à l’heure. Une commission est venue nous calmer. Après un test nucléaire, nous avons bu du vin rouge, le soir, sur le champ de tir. L’atmosphère sera saturée de fumée. Moi, j’avais toujours un dosimètre dans ma serviette. « Quelle radiation ? Nous avions peur de parler de ce qui venait de se passer. Pour fonder celle-ci, l’argumentation analyse chacun des « Requiems » et met en évidence la réflexion théologique, explicitement présente dans les écrits de Stravinsky et dans la correspondance de Frank Martin, qui a accompagné leur travail de composition. Le réacteur allait brûler pendant dix jours, il fallait faire ce traitement pendant dix jours. un vrai casse-tête. La Supplication de Svetlana Alexievitch, « J’ai lu »; Le Gai Savoir, Avant-Propos + Livre 4, de Nietzsche, GF, Traduction Wotling,; Les Contemplations, Livres 4 et 5, Victor Hugo (édition libre). « Vous voyez, les gars, il y a des décombres sur le toit. Mais je m’en fous ! Nous cueillions des prunes, pêchions du poisson, nous jouions au foot, nous nous baignions ! J’ai vu comment d’autres gens se conduisaient. » dis-je à nos hôtes. Mais il suffisait de prendre la réalité telle qu’elle était. L’homme rit… Ce rire, c’est comme un discours. Il n’y a eu aucun ordre. Nous étions habitués à attendre qu’on nous dise les choses, qu’on nous les annonce. Pendant deux jours, nous avons refusé de travailler dans les champs. Je lui ai demandé qui lui avait permis d’accoucher ici. Avec un vol spécial. Et vous désorientez (204) les gens. « Savez-vous, demandait l’académicien, père de la bombe H soviétique, qu’après une explosion atomique, il y a une fraîche odeur d’ozone qui sent si bon ? Nous sommes toujours un pays stalinien… Et l’homme stalinien vit toujours…. Voilà bien le caractère biélorusse…Nos dieux sont des martyrs. Et ici, dans ce carré, vous allez faire un trou » … Quarante à cinquante secondes aller-retour. Il est probable que, si on les interroge, les gens conçoivent les mêmes images de l’apocalypse : explosions, incendies, cadavres, panique. Pourquoi ai-je perdu tant d’heures et de jours devant la télé ou un tas de journaux ? => Une évaluation de ce travail sera effectuée dès le premier jour. de Svetlana Alexievitch | Éditeur: J'ai lu. Au repas funèbre, nous avons bu et mangé selon la coutume slave, vous voyez. On ne croit pas les autorités, on ne croit pas les médecins, mais on n’entreprend rien soi-même. Je suis resté debout à la tribune pendant deux heures, sous ce soleil, sans chapeau, sans manteau. Je gardais l’un des deux exemplaires au bureau et cachais l’autre à la maison. 12 citations de Svetlana Alexievitch - Recueil de citations et de pensées de Svetlana Alexievitch issues de ouvrages, discours et livres. Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche. 1.500, 2.000, 3.000 microröntgens. Les Fausses confidences de Marivaux. La Supplication Svetlana Alexievitch Numilog EBook. Dans le bus, nous étions une quinzaine, tous des officiers de réserve. Notre Institut se trouve à la campagne et le temps printanier était merveilleux. Nous achetions le saucisson le plus cher en espérant qu’il était fait avec de la bonne viande. » Des quantités de blagues sont nées. Les gens ne sourient plus, ne chantent plus. sVetLana aLexieVitcH, La suppLication 73 Fiche 7 – L’auteur et le contexte historique et culturel de La Supplication 75. Et on l’a pris. On nous distribuait des tabliers de caoutchouc recouvert d’une pellicule de plomb pulvérisé. J’avais envie de tout mémoriser en détail et avec précision. * Svetlana Alexievitch, La Supplication, Traduction Galia Ackerman et Pierre Lorrain, éditions J’ai lu L’essentiel, pour vous, est de lire attentivement ces 3 uvre s de sorte à en avoir une connaissance globale. Faites-le ! Pour Tchernobyl, il faudra bien répondre un jour, comme pour 1937. Il a continué à (188) percer, à genoux. Ils se plaignent d’avoir été trompés. Il faut immédiatement traiter préventivement à l’iode toute la population et évacuer ceux qui vivent à proximité de la centrale. Ce n’étaient pas de brèves émotions, mais toute une histoire intérieure. Deux militaires se sont présentés à l’usine où je travaillais. Elle était assise à l’intérieur, cette radiation. S. Alexievitch, La supplication, Collection J'ai lu (édition obligatoire) C. Quelques lectures complémentaires autour du thème ... ¸ Relevez citations / passages illustrant « la force de vivre ». Dans ces villages, nous rencontrions beaucoup de gens ivres. Vivre une minute, une seconde de plus ! Nous qui travaillions au réacteur nous connaissons tous la solitude de la liberté... Comme dans une tranchée en première ligne… La peur et la liberté ! Traduit dans une vingtaine de langues [32], ce livre reste cependant toujours interdit en Biélorussie. Nos enfants ne sourient pas. On l’amenait de quelque part. « Qu’avez-vous besoin de savoir ? Sur les radiations, je ne savais que ce qu’on nous avait dit au cours de défense civile. Je ne peux comparer cela à rien. Les gars m’ont plu : s’il faut y aller, on y va ; si on nous envoie à la centrale, nous grimperons sur le toit du réacteur… Près des villages évacués, il y avait des miradors avec des soldats en armes. Il s’intitulait : Puits, donne de l’eau. Ils vont continuellement à des enterrements… Je suis né près de Briansk. Je ne créerai, jamais de spectacle sur Tchernobyl, de la même manière que je n’ai jamais mis en scène de spectacle sur la guerre. Les journaux écrivaient : « Au-dessus du réacteur, l’air est pur. Nous savons maintenant que la guerre peut commencer sans qu’on s’en aperçoive, sans se rendre compte de notre propre disparition… La défense civile est un jeu auquel excellaient de grands hommes. une nouvelle guerre du Caucase est-elle en cours ou va-t-elle seulement commencer ? Nos hommes politiques sont incapables de penser à la valeur de la vie humaine, mais nous non plus. Et là, 3.000 röntgens à l’heure. Selon ses services, tout est normal, ici. Tableau des oeuvres, 2e partie. Nous avons bu tout ce qu’on pouvait trouver dans les villages des alentours : tord-boyaux, lotions, laques, sprays. À mon arrivée, un vent de panique régnait autour de notre réacteur : les dosimètres montraient une aggravation de l’activité. On fêtait les quarante ans de la Victoire. Lave- toi les cheveux… » J’ai raccroché. On racontait des blagues sans arrêt. Vous vous souvenez de ce film où l’on tuait une vache ? Nous avons pu déterminer qu’il s’agissait d’iode. Résumé et citations, 8e partie, p. 176 à 199. Nous avons été privés de l’immortalité. On tire. Nous cueillions des prunes, pêchions du poisson, nous jouions au foot, nous nous baignions ! Rangez votre appareil ou je le casse. Il a continué à. percer, à genoux. « Dans votre coin, tout va bien. Ils s’effrayaient et, parfois, ils me laissaient entrer. C’était l’époque où l’on commençait à relâcher les rênes et cela nous procurait une joie intense. Téléphoner pouvait m’attirer des problèmes : me valoir le retrait de mon habilitation au secret. Les gens auraient alors moins peur de nous. « J’ai consulté l’académicien Iline, à Moscou. Noté /5. Svetlana Alexievitch, La supplication, paru à Moscou en 1997, traduit en français pour la première fois en 1998. Remets au lavage le linge qui sèche sur le balcon… dilue deux gouttes d’iode dans un verre d’eau. Nous (202) fauchions de l’herbe à 40 curies. Que se passe-t-il maintenant ? C’est aujourd’hui que la science de l’énergie nucléaire est humiliée et couverte de honte. Le cinquième mois, notre lieu de cantonnement fut changé. Il n’y avait aucun précédent, ni chez nous ni dans le monde entier. Svetlana Alexievitch, La supplication; Ce livre vous propose 30 fiches pour réviser l'essentiel : Tout sur les auteurs en 9 fiches : pour tout savoir sur les auteurs au programme, biographies et contextes dans lesquels ils ont écrit les uvres. Pas d’autre histoire, pas d’autre culture… Mes élèves tombent amoureux, font des enfants, mais ils sont calmes et faibles. Aujourd’hui, c’est la mode d’injurier les communistes, de dire que ce sont tous des criminels. Les mots « grandiose » ou « fantastique » ne parviennent pas à tout retranscrire. Eh bien, vous avez la mémoire courte. Nous ne pouvions même pas vivre avec l’éternité, comme dans l’Ancien Testament : Untel a engendré Untel qui, à son tour… Nous ne savons que faire d’elle, nous ne savons pas vivre avec elle. Publications 5. h-index 2. Ma femme avait donc tout compris. C’est aussi notre jeunesse, notre époque… Notre religion... 50 ans ont passé. , ils quittaient la terre pour rentrer en elle. Des idées folles me passaient par la tête. Il y a un monstre : la guerre. Nous avons passé la ligne. Et ils ont obtenu le résultat souhaité : j’ai été victime d’in infarctus… J’ai tout marqué. De l’iode ordinaire. En voilà une : on envoie un robot américain sur le toit. Couverture souple. (218) Elle rentre chez elle, à Marki… Il y avait 150 curies, là-bas ! Le commandant allume un moniteur de télévision. Je n’irai plus dans la zone alors que, avant, cela m’attirait. Un autre, qui ressemblait à un stylo, pouvait mesurer jusqu’à 200 röntgens. (186) Il faut nettoyer la surface. « À Tchernobyl ! L’homme sans idéal ? Je me suis étonné de voir que les mésanges que j’avais apprivoisées pendant l’hiver n’étaient pas là…. Nous critiquions ces Allemands toujours repassés et amidonnés. La mort m’est incompréhensible. Le déluge pouvait bien subvenir, on n’en avancerait pas moins d’un pas révolutionnaire ! Il n’y a plus d’ordre ! Tableau des oeuvres, 5e partie. Chez eux, c’est aussi la panique. On devait justement promouvoir Sliounkov à un poste important, à Moscou. Dans les premiers jours, nos sentiments étaient mitigés. Et ici, dans ce carré, vous allez faire un trou » … Quarante à cinquante secondes aller-retour. On l’a vraiment respecté. À l’époque, j’étais premier secrétaire d’un comité de district du parti. J’y avais moi-même enseigné. On nous l’a pris tout le temps, effaçant nos traces. Chacun attendait un coup de fil, un ordre, mais n’entreprenait rien de lui-même. Ma profession militaire est spécialiste du combustible nucléaire. Le commandant était incapable de nous répondre. Le culte de la physique ! Mais je n’en ai pas encore la certitude…. Seuls peuvent comprendre ceux qui ont fait la guerre. Tableau des oeuvres, 2e partie. Je savais que beaucoup de choses finiraient par être oubliées, par s’effacer. Et l’enfant est né pendant le voyage, dans la charrette. Nous y allions tous. La dose à l’entrée des bâtiments était de près de 3 milliröntgens par heure. Tout part, s’évanouit, nos sentiments changent… Avant l’opération, je savais déjà que j’avais un cancer. Mais, dans ce cas, allez donc nettoyer l’asphalte ! Je voyage (224) à travers le pays. Tous les secrétaires du comité du parti étaient debout à la tribune et la fille du premier secrétaire se tenait près de son papa. Il m’est impossible d’aller chez eux. Le cinquième mois, notre lieu de cantonnement fut changé. Des slips de plomb ! J’ai compilé pendant sept ans des coupures de presse, des notes, des chiffres. Avant, je n’avais jamais fait de photos. Complet et précis, ce livre est l'outil indispensable à une meilleure connaissance des oeuvres et du thème. « Oui, répond l’un des Allemands qui parle russe. Il fallait parler de physique, (213) des lois de la physique. Je n’ai pas pu me libérer des nouveaux sentiments que j’éprouvais. J’avais la certitude que, s’il s’était agi de quelque chose de grave, on nous aurait avertis. Je pouvais voir sur son visage le dilemme qui se posait à lui : cafarder ou ne pas cafarder ? Dans la zone, on croyait dur comme fer à ses vertus. Mais la conscience n’était pas prête. Elle a été l’une des premières à apprendre ce qui s’était passé. Où fuir ? Il ne se souvient peut-être pas que j’ai sauvé ses enfants… Nous n’avons pas oublié Tchernobyl. Voilà bien le caractère biélorusse…Nos dieux sont des martyrs. De quoi s’agit-il ? C’est une spécialité secrète. C’est là que j’ai appris pour la catastrophe. J’avais 17 ans en 1945 lorsque la première explosion atomique a eu lieu. Des familles entières y passaient leurs vacances, en camping. Tchernobyl, chronique du monde après l’apocalypse, Résumé établi par Bernard Martial (professeur de lettres en CPGE), Traduit du russe par Galia Ackerman et Pierre Lorrain J’ai lu n°5408. Résumé et citations, 8e partie, p. 176 à 199. Avec mon groupe, nous sommes entrés dans une église abandonnée, pillée. Et l’odeur de la forêt me donne le vertige, je la perçois encore plus fortement que la couleur. Il racontait l’histoire d’un soldat muet qui accompagnait une Allemande enceinte, engrossée par un soldat russe. Quant aux enfants, où qu’ils aillent, ils se sentent étrangers parmi les autres. Je lui ai dit à voix basse ce qu’il fallait faire : « Ferme les fenêtres, mets tous les aliments dans des sacs en plastique. a répondu le gosse…parce que nous, . Ma vision a changé… Je suis allée dans la zone dès les premiers jours. J’aimais la science-fiction. D’ailleurs, on va tout nous voler ! La direction demande des rapports sur l’avancement et le rythme des semailles. celles de Minsk… qui attendait celles de Moscou. J’ai aimé la physique et je pensais que je ne m’occuperais de rien d’autre. Nous avions tous fait des stages de défense civile. Je pense qu’ils ne me croyaient pas ou qu’ils étaient incapables de comprendre le caractère terrible de l’événement. Et les filles du coin faisaient la noce. Les gens se tenaient en un énorme demi-cercle. Me voici invalide au deuxième degré. On nous l’a pris tout le temps, effaçant nos traces. Sous le nuage radioactif… Le 29 avril, à 8h du matin, j’attendais déjà dans l’antichambre de Sliounkov. Chez nous, de telles choses étaient considérées comme de grands secrets. Mais si l’on met de côté les émotions et la politique, il faut reconnaître que personne ne croyait vraiment ce qui venait de se passer, même les scientifiques ne parvenaient pas à y croire ! la débâcle, l’anarchie. Je n’ai pas pu me libérer des nouveaux sentiments que j’éprouvais. On envoie un robot russe. Dans notre district, nous attendions les instructions du comité régional qui lui attendait (181) celles de Minsk… qui attendait celles de Moscou. Un accident dans un réacteur… Ma première réaction a été de rappeler ma femme et de l’avertir, mais tous les téléphones de l’Institut étaient sur écoute. Et ils ne parvenaient pas à croire qu’ils vivaient à Tchernobyl : ils ne bougeaient pas pour autant… Ils continuaient à ramasser des bûches en cachette, à arracher des tomates encore vertes pour en faire des conserves. Des gosses nous entouraient. Lorsqu’ils se rendaient en inspection dans les régions contaminées, ils portaient des masques et des (215) vêtements de protection. Je n’ai donc pas vu comment on tuait des gens. 6. Cette peur éternelle que l’on nous ait inculquée pendant des décennies ! On les intimidait de la même manière. Nous ne sommes pas capables de la concevoir. L’explosion d’un grand nombre d’armes nucléaires provoquera des incendies gigantesques. Il n’y aura plus de lecteurs pour vos livres, si nous n’évacuons pas d’urgence les environs de Tchernobyl.